Les jeux de ma vie “d’adulte” (2/3)
Batman Arkham City (Playstation 3, 2011)
Pourquoi je m’y suis mis ?
Je m'y suis mis… un bien grand mot, puisque je jouais le rôle de simple spectateur, pendant que ma copine se farcissait tout toute seule. Je dois admettre que l’expérience s’est révélée tout aussi intéressante que si j’avais tenu la manette moi-même, peut-être plus encore, d’ailleurs. Je dis ça comme si je découvrais l'eau chaude alors que j'adore regarder les gens jouer depuis toujours. Batman, le personnage en lui-même, jamais eu trop grand chose à cirer de ses péripéties. Pourtant, Batman Arkham City nous a bien aidés à tourner la page Little Big Planet et à laisser notre petit Sackboy enfin tranquille. Et à l’image de la trilogie mythique de Nolan au ciné, cette interprétation vidéoludique du justicier masqué à bien failli nous convertir en gros fanatiques du justicier masqué.
Pourquoi j’ai aimé ?
Déjà, il fait sombre dans ce quartier de Gotham City. Très sombre, tout le temps nuit comme dans Blade Runner. J’adore les machins sombres. Le dark, le gloom et le creepy, c'est mon délire, ouais. Je vis pour les ténèbres, je respire la noirceur et… je vais me taire deux minutes aussi. La DA nous offre un rendu admirable de la ville. On sent vraiment que ça craint, que les gens galèrent, que même le moindre badaud traficote dans son coin, et qu’il flotte dans l’air une odeur de crime permanent. Chaque immeuble cherche à afficher la façade la plus lugubre, voire insalubre parfois. Personne n’aurait envie de passer plus de cinq minutes au cœur de cette métropole vérolée, encore moins y habiter ! Mais y incarner Batman depuis son canapé, alors là oui, totalement !
Incarner Batman, mais ça veut dire quoi ? Eh bien, principalement balancer des grappins qui s’accrochent à des machins invisibles, et tabasser des gangsters. Autant, les grappins, bon… ça n’a aucun sens, mais ça facilite tellement la vie qu’on oublie vite les lois de la physique. Mais tabasser les gangsters, nom d’un joyeux rouge-gorge en collants verts, la jubilation permanente, quoi ! Le système de combat réécrit les définitions des mots accessibilité et fluidité. En appuyant sur à peine deux boutons, notre héros préféré déploie un panel de coups impressionnant, et choisit ses cibles avec une précision bienvenue. En gros, on garde tout le fun dans un fight, et on se débarrasse de tous les détails saoulants, pour imposer un rythme bien péchu au joueur. Merci les devs, très bonne idée !
Il serait très injuste de réduire le jeu à ces deux seuls aspects. L’exploration, la résolution d’énigmes, le sauvetage d’otages… etc. apportent une diversité des plus agréables. Rien qui ne révolutionne le système de quêtes existant déjà dans un paquet de jeux, mais tellement bien intégré au reste, avec des dialogues souvent bien écrits et bien doublés, même en français ! Pendant très longtemps après avoir terminé le jeu, on imitait les punchlines des gangsters avec ma meuf. “Tu vas crever, Batlarve !” “Qu’est-ce que Batman fout ici ?” Des trucs du genre qui nous faisaient bien marrer, et qui selon le contexte, faisait fuir les gens autour de nous. Mais trève de bavardages, Batman dispose d’un large arsenal pour se dépatouiller de tout ça, entre gel explosif, boomerang en forme de chauve-souris télécommandé ou non, gadget qui enveloppe un vilain taulard dans nuage de fumée, sans oublier les sessions conduite (et tir d’artillerie) de la Batmobile. Franchement, rien de superflu là-dedans, surtout quand on voit l’armée contre laquelle notre avatar semi-dépressif doit se dresser. Les ennemis les plus emblématiques de la saga ont pris rendez-vous : le Joker bien sûr, Catwoman, Harley Quinn, le Pingouin, Mr. Freeze, Double-Face, entre autres. Leurs apparitions signifient souvent intrigue supplémentaire, donc quelques quêtes de plus à réaliser. On prend, on prend.
Enfin voilà, entre tout ça, les collectibles à récolter, les améliorations possibles de la Batsuit, les casse-tête de l’Homme Mystère disséminés partout, et toutes les lumières de la ville qui clignotent, on n’a pas le temps de s’ennuyer tant il se passe de choses à l’écran. Et ce même en ne restant que spectateur. Bon, j’ai quand même attrapé la manette de temps en temps, en général quand ma copine bloquait sur un fight compliqué ou une énigme corsée (elle manque juste de patience, pas de skill ou d’intelligence, non mais oh). Forcément, j’ai pris mon pied encore un peu plus qu’en matant la télé de loin. Ah ! Et la musique, sinon, j’ai failli oublier. Aucune surprise ici. Darkness cinématographique, epicness sordide et tout ça. Mais rien n’aurait pu mieux accompagner nos sessions de nettoyage des rues avec grosses mandales dans la tronche de gangsters désabusés. Ou à défaut, elle nous permet de mieux supporter les phases d’énigmes qu’on n’arrive pas à résoudre, ou de boss qu’on ne parvient pas à déglinguer. Bravo, beau travail les gars.
Batman : Arkham City - A Monument to your Failure
Pourquoi j’ai arrêté ?
Ma copine, quand elle termine un jeu, elle ne se prend pas la tête à le refaire plusieurs fois pour découvrir tous les secrets et maxer tous les équipements des personnages. Il y a bien eu des exceptions comme Little Big Planet, mais dans la plupart des cas, elle passe à autre chose. Pour de vrai. Batman n’a pas dérogé à la règle. Et si j’ai un moment pensé à le recommencer moi-même, j’avais déjà trop à faire sur PC. De toute façon, sur la console, ma copine a enchaîné avec Tomb Raider, Uncharted 4 ou encore the Last of Us. Difficile de revenir sur quelque chose que l’on connaît déjà avec un casting pareil. Sans rancune, Batman, tu vois que je t’aime bien quand même parfois.