lessthantod a écrit : ↑27 oct. 2025 14:18
J'ai maté Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan ...
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Sorti en 2023 et réalisé par Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan est l'adaptation du roman du même nom d'Alexandre Dumas. Il sera suivi la même année du second volet intitulé Les Trois Mousquetaires - Milady. Et même qu'on peut espérer voir sortir un jour un troisième volet, puisqu'Alexandre Dumas a écrit une suite à son roman intitulé Vingt Ans après. Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan est donc le premier volet d'un diptyque qui avait pour ambition de remettre en avant les films de cape et d'épée "à la française". Les grosses productions françaises se font rares de nos jours, alors ne boudons pas notre plaisir. Et pour assurer l'adaptation du roman, Pathé a fait appel à Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte. Ils feront de nouveau appel à nos deux compères pour assurer l'adaptation (et la réalisation aussi) du Comte de Monte-Cristo du même auteur, qui sortira seulement un ans plus tard, en 2024.
Pathé a de grosses ambitions avec Les Trois Mousquetaires et semble se lancer dans un véritable Dumas Cinematic Universe. Et pour interpréter les trois mousquetaires, ils ont fait appel à trois valeurs sûres du cinéma français, Romain Duris, Pio Marmai et Vincent Cassel. Romain Duris sera Aramis, le séducteur de service. Pio Marmai sera Porthos, le boute-en-train. Vincent Cassel sera Athos, le plus âgé et sage des trois. Mais Les Trois mousquetaires seront très vite quatre, puisqu'ils vont être rejoins par D'Artagnan, d'où le sous-titre du film Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan. C'est donc sur les épaules de François Civil que repose la responsabilité d'interpréter D'Artagnan, qui sera le véritable héros de ce premier volet. Et pour finir avec les têtes d'affiches du film, Pathé a fait appel à Eva Green pour interpréter la vénéneuse Milady.
D'Artagnan (François Civil) veut faire comme son père, être un mousquetaire. Depuis tout petit, le jeune gascon rêvait de devenir mousquetaire du roi, c'est pourquoi il monte à Paris pour "prendre du service" en tant que cadet de Gascogne. Mais voilà qu'il se fait tirer dessus en essayant de porter secours à une jeune demoiselle. Il est laissé pour mort et enterré ... mais revient d'outre-tombe. Et oui, il a survécu grâce à la bible qui a arrêté la balle, détails amusant puisqu'à cette époque, il y a avait la menace d'une guerre des religions, entre les catholiques (la cours du roi) et les protestants (les dissidents rochelais qui sont soutenus par le duc de Buckingham et l'Angleterre). D'Artagnan va rapidement rencontrer les trois mousquetaires, Aramis (Romain Duris), Porthos (Pio Marmai ) et Athos (Vincent Cassel) et les provoquer en duel. Mais au lieu de s'affronter, ils vont s'unir contre les hommes du cardinal Richelieu (Eric Ruf). Il va ainsi prouver sa bravoure auprès des trois mousquetaires et s'allier à eux pour sauver le roi Louis XIII (Louis Garrel), la reine Anne d'Autriche (Vicky Krieps) et contrer les plans machiavéliques de Milady (Eva Green) au service du cardinal Richelieu.
Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan est-il fidèle au roman qu'il essaie d'adapter ? Peu importe, j'ai envie dire. Personnellement, j'ai aborder le film tel quel, comme un film qui essaie de remettre au goût du jour un genre (les films de cape et d'épée) maintenant passé de mode. Mais sinon, oui le film prend pas mal de libertés avec le roman d'origine et ce sera encore pire avec le second volet centré sur Milady. Là, même si quelques libertés sont prises, on reste quand même dans l'esprit de l'œuvre d'Alexandre Dumas. Et si sur le fond, certains pourraient tiquer sur certains choix narratifs (au hasard, D'Artagnan qui sort de terre tel un zombie ou Porthos qui est bisexuel), sur la forme, c'est extrêmement bien fait. Que ce soit la direction artistique (décors et costumes) ou la mise en scène, ça respire la grosse production à la française d'antan, avec de l'action, de la romance et un peu d'humour aussi.
L'idée de scinder le roman en deux, avec un climax à la fin du premier film, est une bonne idée, probablement inspirée par l'adaptation des années 70 de Richard Lester lui aussi en deux parties. Deux films au lieu d'un seul, ça permet de prendre son temps pour présenter tous les enjeux et pour traiter correctement tous les personnages. Après, si tous les enjeux sont clairement présentés, certains personnages passent quand même au second plan. Je pense tout de suite à Pio Marmai et Romain Duris, qui n'ont vraiment pas assez de temps à l'écran. Et puis, il y a pas mal de zones d'ombres dans le scénario, mais on se doute bien que toutes les réponses seront données dans la suite. On a la romance entre D'Artagnan et Constance (Lyna Khoudri) qui est à peine abordée, Athos qui est tourmenté par un lourd passé, Milady dont on a du mal à cerner ses motivation et bien sûr, il y a ce complot qui vise le roi qui reste encore très mystérieux.
Tout n'est pas parfait avec ce premier volet des Trois Mousquetaires, mais on sent quand même l'envie de bien faire. Les scènes d'action sont particulièrement réussies avec une caméra immersive, caméra à l'épaule, qui nous plonge directement au milieu des duels. On sent que toutes ces scènes ont été minutieusement storyboardées et chorégraphiées. J'ai lu/entendu beaucoup de reproches sur l'image trop sombre, que ça manque de luminosité et qu'on y voyait rien, mais moi personnellement ça ne m'a pas particulièrement gêné. Au contraire, je trouve que ça donne un certain cachet au film, une patte visuelle immédiatement reconnaissable. Pour Milady, que ce soit l'écriture du personnage et le choix d'Eva Green pour l'incarner, c'est un sans-faute absolu. Eva Green incarne à la perfection sa beauté perfide et dans l'écriture du personnage, on très proche du schéma de la femme fatale, à la fois séductrice et machiavélique, qu'on retrouve dans les films noires .... et ça tombe bien, j'adore les films noires. Idem pour Vincent Cassel qui est parfait en Athos vieillissant et torturé par son passé. Et pour finir, mention spéciale pour Romain Garrel dont jeu très "théâtral" et maniéré sied merveilleusement bien au roi Louis XIII.
Par contre, là où le bas blesse, c'est sur certains choix de narration et sur l'écriture de certains personnages. La romance entre D'Artagnan et Constance ne fonctionne pas selon moi, c'est très mièvre et trop fleur bleue. C'est une véritable romance à l'eau de rose, avec deux adolescents qui découvrent leurs premiers émois amoureux. Idem pour l'humour qui ne fonctionne pas à tous les coups, notamment à travers Porthos qui est trop vite relégué en personnage comic relief. Porthos et Aramis sont d'ailleurs beaucoup trop en retrait dans le récit et par conséquent, Pio Marmai et Romain Duris n'ont pas grand chose à jouer et font presque figures de faire-valoir. Le choix des deux acteurs pour les incarner est néanmoins très judicieux, le côté séducteur de Romain Duris fonctionne à merveille, tout comme le jeu de Pio Marmai en bon vivant. Et puis, tout ce qui tourne autour du conflit des religions, du complot et des manigances politiques, ne sont pas très clairs dans ce premier film. En fait, tout ça, ça manque d'ampleur ... en espérant que ce soit plus approfondi dans le second film ? Ou pas ? Je garde le suspense pour la seconde partie centrée cette fois-ci sur Milady.
J'ai maté Les Trois Mousquetaires - Milady ...
Sorti en 2023 et toujours réalisé par Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires - Milady est le deuxième volet du dyptique Les Trois Mousquetaires adapté du célèbre roman d'Alexandre Dumas. Sorti quelques mois après le premier volet centré sur D'Artagnan, Les Trois Mousquetaires - Milady va comme son nom l'indique se concentrer sur le personnage de Milady. On retrouve bien sûr le même casting du premier film et on reprend là où on nous avait laissé à la fin des Trois Mousquetaires - D'Artagnan. Les seuls nouveaux personnages rajoutés sont Hannibal (Ralph Amoussou) un mousquetaire noir qui a réellement existé dans l'histoire de France et Mathilde (Camille Rutherford) la sœur d'Aramis.
Dans Milady, On retrouve donc Constance qui a été enlevée à la fin du premier film par le cardinal Richelieu, ou tout du moins c'est ce qu'on suppose. Quant à D'Artagnan, il était bien mal embarqué, assommé alors qu'il tentait de sauver Constance. Et pour Milady, non elle n'était pas morte, mais ça on pouvait s'en douter vu que le film est sensé se concentrer sur son personnage. Deux intrigues vont alors se dérouler en parallèle, D'Artagnan qui essaie de retrouver Constance et le siège de la Rochelle avec les royalistes catholiques contre les protestants dissidents associés à l'Angleterre. nos trois mousquetaires, ou plutôt devrais-je, nos quatre mousquetaires vont tenter de sauver le roi, mais aussi régler leurs petites affaires personnelles.
Dans Les Trois Mousquetaires - Milady, on reprend la formule du premier film, à savoir, de l'action, du drame et un peu d'humour aussi. Et surtout, on va enfin savoir qui est le traitre dans la cour du roi. On reprend donc la même formule, mais avec toujours les mêmes défauts ... en pire. Le film prend encore plus de liberté avec le roman d'origine et pas pour le meilleur, au contraire. Et moi qui avait plutôt apprécié la pate visuelle du premier film, plus sombre. Là, changement de direction, la photographie est très lumineuse, mais aussi très lisse et sans réelle pate visuelle, digne d'un téléfilm. Le seul point positif de ce second volet, c'est qu'on voit nettement plus Romain Duris et Pio Marmai à l'écran, ayant tous deux bien plus de matière à jouer. Et encore que, je ne peux pas dire que j'ai énormément apprécier le traitement des deux personnages, mais au moins ils servent à quelque chose ici ...
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Porthos finit par épouser la sœur d'Aramis dans une sous-intrigue qui ressemble fort à du remplissage. Mais au moins, ça permet de voir un peu plus les deux acteurs.
Mais le plus gros soucis de ce second volet, c'est que ça va trop vite, tout est trop rushé, surtout que le film est plus court que le premier volet. Celui qui en pâtie le plus, c'est D'Artagnan qui joue au globe trotter. En un claquement de doigts, ils se téléporte de droite à gauche, au point où ça en donne des tournis. On rajoute aussi des personnages au film précédent, le mousquetaire noir Hannibal et Mathilde la sœur d'Aramis, mais on a pas le temps de les traiter correctement. Et concernant les intrigues et les sous-intrigues, ça part dans tous les sens et il y a tellement de raccourcis qu'on finit par s'y désintéresser. Le complot qui pointait son nez dans le premier volet voit ici une résolution, mais c'est tellement fumeux, il y a tellement de retournement de situations "abracadabrantesque", que là aussi on finit par s'y désintéresser.
Le seul intérêt qu'on pourrait voir dans ce second volet c'est Milady. C'est à peu prés le seul personnage qu'on pourrait être sauvée du naufrage, mais là aussi il y a un "mais". Si Eva Green est parfaite dans ce rôle de "femme fatale", séductrice et machiavélique, je déplore l'écriture du personnage qui tend à vouloir lui donner une caution féministe. A la base, ça reste un personnage diabolique, qui est prête à tout pour s'en sortir. Elle veut se venger des hommes, certes, mais surtout elle veut vivre. Elle veut gagner sa liberté et être soumise à un homme lui semble intolérable. Là, le film essaie de lui trouver des excuses, de lui trouver une rédemption ou une réhabilitation. Et puis, elle ressuscite à tout bout de champs, tel un chat qui aurait neuf vie. Au bout d'un moment, ça en devient risible ...
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Dans le premier film, elle ne meurt pas en tombant de la falaise. Puis dans le second film, elle ne meurt pas lors de la pendaison, parce que Constance avait pris sa place la cellule. Et même à la toute fin du film, lorsqu'elle est ensevelie sous les flammes ... elle ressuscite de nouveau, histoire de nous vendre un troisième film. Pour rappel, dans le roman d'Alexandre Dumas, Milady empoisonne constance et elle est condamnée à mort par décapitation. Constance qui prend sa place, pour on ne sait quelle raison, si ce n'est par bonté d'âme et pour la sauver (la caution féministe), admettons ! Mais qu'en plus elle meurt indirectement par la faute à Milady, c'est d'un risible. A vouloir absolument réhabiliter le personnage de Milady et lui trouver des excuses, on finit par la détester pour les mauvaises raisons.
Le film a au moins pour lui de révéler tous les mystères soulevés dans le premier film, le complot qui menace le roi, mais aussi l'identité de la femme d'Athos ...
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C'est Gaston de France (Julien Frison) le traite qui menace le roi. Et oui, c'est bien le propre frère du roi qui a tout manigancé depuis le début. Et concernant la femme d'Athos, elle n'est pas morte, puisque c'est Milady sa femme. On aurait dû s'en douter, de toute façon Milady ne meurt jamais dans cette version 2023 des trois mousquetaires.
Si j'avais plutôt apprécié le premier volet de cette nouvelle itération des Trois Mousquetaires, mon avis est nettement plus mitigé sur ce second volet. Les deux films étant intimement liés, je suis forcé de revoir mon jugement à la baisse. Si je pouvais mettre un 6 prometteur au premier film, celui-ci ne mérite pas plus qu'un 5 et vient tenir la globalité du long métrage. Les auteurs ont pris trop de liberté par rapport au roman d'origine, ou tout du moins les changements ne sont pas bons. A la limite et à tout (re)faire, j'aurais préféré qu'ils prennent encore plus de liberté, mais qu'ils effectuent les bons changements. Et puis, il y a trop de raccourcis, ça va trop vite et il y a de gros trous dans le scénario, malgré les quatre heures consacrées à l'ensemble des deux films. Peut-être aurait-il fallu proposer deux films de 2h30, voire même de 3h00 chacun, ce qui aurait permis de combler les trous. Bref, sans être un ratage complet, il y avait quand même matière à faire mieux.