Djam a écrit : ↑12 juil. 2021 22:16
Gringos10 a écrit : ↑08 juil. 2021 10:47
J'ai vérifié pour le spécial 80s, toujours peu nombreux, et le mag est encore plus touffu, très dense et diversifié.
Peut être que ce sont des monstres de travail...
Je vous mets quelques extraits en spoil.
@Gringos10 J'ai vu le magazine en faisant mes courses l'autre jour et j'ai jeté un oeil à l'ours. Si tu regardes un peu plus loin que le nom des "rédacteurs", il est indiqué que tous les auteurs ayant fourni des articles acceptent de céder au magazine tous les droits qui vont avec.
Ce ne sont donc pas eux qui ont écrit les articles, ils ont dû payer une misère des ghost writer dont ils ne citent même pas le nom (sinon droits d'auteur, etc). Une façon de faire peu reluisante qui, j'en suis sûr, n'enchantera pas mon cher ami @Sybillin
Et cela explique comment ils peuvent produire une telle quantité de magazines dans des registres aussi divers...
La mention en question est d'ailleurs visible sur la photo publiée par Gringos, dans le bas de la page d'ours, et repose sur le modèle commun suivant :
exemple de formulation dans un autre titre du même groupe a écrit :L'envoi des textes ou photos implique l'accord des auteurs pour une reproduction libre de tous droits et suppose que l'auteur se soit muni de toutes les autorisations éventuelles nécessaires à la parution. (...) Tous droits réservés pour les textes et documents publiés dans
XXX. La reproduction totale ou partielle des articles publiés dans
XXX sans accord écrit de la société Diverti éditions est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. (...)
Cet enchaînement de formules légales constitue un aggloméré intéressant, qui reste sans aucun doute dans les limites élémentaires de la légalité, mais en dit surtout long sur la mentalité en jeu chez cet éditeur : car si chacune des sentences présente un type de légitimité en tant que telle (on peut par exemple retrouver la première moitié de la première phrase sur des bulletins d'information municipaux, de même que la dernière phrase est le poncif par excellence de la protection légale des périodiques contre le pillage de leur contenu), le refus de reconnaître le moindre droit à quiconque pour tout élément reçu de l'extérieur, combiné à une affirmation aussi catégorique de ses propres droits, forme une conjonction rhétorique pour le moins paradoxale sur le fond.
J'ignore si (et si oui, dans quelle mesure) ces magazines pratiquent un modèle de production textuelle basé sur l'exploitation de rédacteurs lésés de leurs droits. En tout cas, et à tout le moins, la pratique systémique de l'anonymat des articles pose question.
Mais au-delà de ce seul aspect, on imagine aisément que le modèle même mis en place dans ces périodiques, relevant au départ de l'activité du groupe des "livrets de jeux et coloriages", a sans doute dû beaucoup à l'envoi de grilles de problèmes à résoudre créées par des lecteurs, et si l'on reste inscrit strictement dans un tel cadre, cela se justifie peut-être davantage ?
Ce qui se défend largement moins, ce serait d'avoir (possiblement) élargi une telle pratique à l'ensemble d'une production textuelle qui apparaît quantitativement considérable, couvre de vastes domaines du savoir, et prétend pratiquer une vulgarisation de bon aloi en direction du grand public.
De mon côté, j'ai vérifié les données d'information élémentaires concernant la société Diverti et le groupe CapElitis, et c'est assez édifiant, à sa propre manière...
L'éditeur Diverti, d'abord, est une société de moins de 50 salariés, au capital de 250000 euros, et qui a réalisé en 2019 un chiffre d'affaires supérieur à 13 millions d'euros :
https://www.societe.com/societe/diverti ... 17369.html
Initialement spécialisé dans les livrets de jeux destinés à la vente en kiosques, du type mots fléchés et coloriages, l'éditeur élargit ensuite sa palette à d'autres types de périodiques ("loisirs créatifs", beaux-arts, histoire, sciences, vie pratique), mais en basant toujours son modèle économique sur le réseau de points de vente des kiosques. Le succès rencontré par le projet paraît colossal, pour une petite entreprise fondée au départ "dans un petit sous-sol de [...] pavillon résidentiel" (voir lien ci-dessous).
Le tout est basé historiquement dans le village de Naintré, dans la Vienne :
sur Mégastar, Wikipédia a écrit :C'est en 1987 qu’Édith et Jean-Paul CYR décident de créer une petite entreprise d'édition de magazines et périodiques de jeu, dans un petit sous-sol de leur pavillon résidentiel.
L'entreprise s'étend sur Naintré et Châtellerault dans un domaine de 10 000 m2 et comprend deux pôles d'activités :
- la presse : Editions Mégastar se spécialise dans les magazines de jeu et d'art (jeux de Sudoku, mots Fléchés, mots pêle-mêle, mots à caser, mots codés et mots croisés) ;
- l'imprimerie : Avec MEGATOP (pour les feuilles offset) et ROTOMEGA (pour les rotatives).
Le chiffre d'affaires de Mégastar est en 2010 de 42 155 664 €.
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9gastar
En 2012, le groupe Mégastar a été cédé (pour un montant resté confidentiel, mais qu'on peut imaginer s'élever à plusieurs dizaines de millions d'euros) au groupe néerlandais Keesing, un géant du secteur :
la Nouvelle République a écrit :Mégastar racheté par un groupe hollandais
Publié le 11/01/2012 à 13:32 | Mis à jour le 28/04/2017 à 10:30
Le groupe naintréen Mégastar est devenu néerlandais. L'information a été officialisée hier matin par le cofondateur et désormais ex-P-DG de l'entreprise Jean-Paul Cyr.
En fait, l'accord a été signé le 29 décembre dernier. Les discussions, elles, ont duré plusieurs mois. « Un an et demi », comme le précise Jean-Paul Cyr qui assure que la demande en mariage est venue des Bataves.
En l'occurrence Keesing. Ce groupe hollandais, fondé en 1911, est le premier éditeur de revue de jeux en Europe. Il annonce un tirage annuel de 65 millions d'exemplaires. Il fait partie du groupe de presse Telegraaf Media Group, qui édite le plus grand quotidien des Pays Bas.
" Rien n'est remis en cause, c'est une continuité "
L'opération porte sur l'acquisition des Éditions Mégastar et de l'imprimerie Rotoméga. La filiale française de Keesing reprend l'immobilier, l'outil de travail et les 130 salariés. Le montant de l'acquisition reste confidentiel. Jean-Paul Cyr, qui a quitté ses fonctions de P-DG dès le 29 décembre, et son associée, indiquent conserver, de leur côté, la société Megatop (imprimerie feuille), Diverti Éditions (qui publient des magazines comme « Pratique des arts ») et Buro Service, soit l'équivalent de 65 salariés. Ils devront déménager à un autre numéro de la rue du Cerisier Noir, le siège historique de l'entreprise.
En devenant hollandaise, Megastar, qui célèbre ses 25 ans d'existence cette année, ne risque-t-elle pas de perdre gros ? « Rien n'est remis en cause, c'est une continuité, commentait hier Jean-Paul Cyr. Keesing rachète Mégastar pour développer la presse jeux en Europe. Mais le savoir-faire, il est ici, à Naintré. Et la richesse de Mégastar, c'est son savoir-faire. Keesing nous dit qu'elle a une réelle volonté de pérenniser et de développer ».
Il faut dire que la mariée est plutôt jolie : Mégastar édite 130 magazines de jeux, diffusés à 13 millions d'exemplaires en France, en Allemagne et en Espagne !
Franck Bastard
https://www.lanouvellerepublique.fr/vie ... hollandais
Le groupe CapElitis, lui, est une "compagnie de services financiers" (ainsi que mentionné en anglais dans leur page de profil "CAPELITIS GROUPE" sur LinkedIn), sise à la même adresse que toutes les autres entités mentionnées jusqu'à présent.
Créé en 1998, CAPELITIS GROUPE a d'abord été
liquidé une première fois en juin 2012, soit dans la foulée de la cession à Keesing, mais existe toujours (recréation sous le même nom ?), puisque le nom "CapElitis Groupe" figure toujours aujourd'hui à l'ours des divers magazines publiés par l'éditeur Diverti. Les dirigeants (présidents, gérants, directeurs de publication, etc.) de ces diverses sociétés sont toujours les mêmes, puisqu'il s'agit toujours des époux Cyr(-Chagnon).
Bref, si rien ne permet pour l'instant d'affirmer catégoriquement une pratique de spoliation systématique d'écrits tiers dans la production des textes de ces divers magazines (un examen plus précis des textes sur l'animation japonaise permettrait sans doute de sourcer plus précisément les "emprunts" à des sources d'information données), tout ce qui existe d'information publique au sujet de ces sociétés laisse en tout cas penser à un modèle éditorial au rabais, assez peu respectable au plan moral.