Worms (PC, 1995)
Type de jeu
Meilleure simulation de guerre de tous les temps, et ce malgré qu’elle soit menée par des vers idiots. Et intrépides. Mais surtout idiots.
Premier contact
Je vais avoir du mal à l’admettre, mais la découverte de cette légende, je la dois à mon beau-père, qui achetait des magazines d’informatique, soi-disant pour apprendre à pirater ses collègues de boulot qui le harcelaient (mytho). Dans l’un de ces magazines se trouvait un CD-ROM contenant la démo de Worms. Toute la famille a tellement adoré (sauf ma mère qui s’en foutait) que beau-papa s’est vite procuré la version complète. Même qu’on y a joué ensemble, et qu’on a rigolé un peu, aussi. Il ne pouvait pas avoir que des défauts tout le temps, quand même ! Il me semble que Worms fut le tout premier titre sur ordi que j’ai possédé de ma vie. Seul Warcraft II réussira à m’en faire décrocher… parfois. Warcraft II, j’y jouais en prenant des airs sérieux et pas commodes ; dans le cas de Worms, j’y allais en mode détente, dans l’idée de me donner du temps de cerveau disponible et me marrer un bon coup. J’ai tenu sur ce rythme pendant des mois, et j’étais le plus heureux des gamins.
Retour sur expérience
Quand je ne m’occupais pas de mon jardin secret au fond de ma chambre, et que j’avais un peu envie de voir du monde (tout en restant bien calé devant le PC quand même), Worms a servi d’excellent brise-glace social. Autant avec les potes qu’avec ma grande sœur, ou encore tous ces gens à la fois, on ponctuait chaque partie d’éclats de rire sincères. Un nouveau genre venait de naître. Bon en fait, l’artillery tactical existait déjà depuis longtemps, mais je croyais inventer l’eau chaude toutes les cinq minutes, à l’époque. Worms l’a juste rendu jouissif, bordélique et génial, rien que ça. À mes yeux, seul Mario Kart 64 réalisa des prouesses similaires deux ans plus tard. Attention à ne pas trop éclater vos amis les plus susceptibles, vous risqueriez de les perdre pour toujours. Parce que malgré l’humour et la bonne humeur omniprésente, le concept fait qu’on veut absolument gagner. Mais genre, question de vie ou de mort, quoi. Quand les suites, remakes et liftings sont sortis, j’ai développé une sorte de fierté à avoir connu le tout premier opus, qui n’a pas atteint une si grande audience que ça, j’ai l’impression. Ça m'a rendu super prétentieux et méprisant pendant un bon moment, à une période où je n’avais pas encore compris que je faisais partie des petits enfants faciles à victimiser.
Flashback spécial ambiance
Les graphismes rudimentaires, pour ne pas dire très moches, demandaient un certain temps d’adaptation, même en 1995. Les options restaient également très limitées par rapport à l’arsenal interminable dont disposent les titres les plus récents. Je n’avais pas accès au mouton aquatique, à la vieille dame ou au vase ming, mais le matos de Worms se suffisait déjà largement à lui-même. Bazooka, grenade, bombe banane et dynamite, qui a besoin d’autre chose pour s’éclater ? On ne s’embarrassait pas des fioritures superflues apparues par la suite, nous (je le pensais déjà sur le moment, avant que je ne devienne un gros réac, alors imaginez aujourd’hui). L’action nous tombait dessus direct, sans prise de tête. Mais surtout, on y trouvait ce mélange parfait d’humour et d’angoisse qui a disparu des successeurs (surtout l’angoisse en fait, au profit d’une ambiance plus légère et mièvre, j’ai envie de dire). Tout le monde se souvient de Worms 2 ou de Worms Armageddon, mais pas du tout premier. Preuve que les développeurs ont eu raison de bifurquer vers une apparence plus cartoon, en tout cas pour leur portefeuille. Moi je n’aime pas trop, je préfère le cocktail bizarre des débuts, où on s’amusait avec trois pixels roses en guise de vers de terre, balancés dans des stages tout aussi bruts mais à l’identité irremplaçable. Revoir les paysages d’enfer brûlant, de planète verte pleine de cratères, de casse de voitures à perte de vue, ça m’a renvoyé direct à la bonne époque des joggings bariolés, de l'eurodance et des bandeaux jaune fluo dans les chev… nan rien, j’ai rien dit.
Réécoute de la bande-son
Si le concept et la DA du jeu faisaient déjà des merveilles avec trois fois rien, la musique sublime encore le tout à des niveaux stratosphériques ! Les morceaux s’étirent en longueur, par rapport aux standards vidéoludiques habituels, durant plus de cinq minutes en général. Ils parviennent presque à se faire oublier, tout en se révélant indispensables à l’immersion complète. Cette mélodie minimale, ces sons d’avions distants, de missiles qui explosent au loin ou de communications en morse se perdant dans l’immensité de la banquise qui nous sert de champ de bataille... On pourrait croire au hors sujet dans un jeu où on se bidonne à tout bout de champ, mais non ! C’est de là que vient l’atmosphère improbablement impeccable, et en grande partie grâce à ces compos qu’on reste dans l’humour classe, sans tomber dans le burlesque débile des suites. La saga Worms et Dieudonné, même destin mais ne lançons pas le débat, hein). En tout cas, bravo à Bjørn Lynne pour avoir su trouver cet équilibre parfait.
Worms - Weird Alien
Moment Nostalgie
Ce jour où j’ai appris qu’un ordi se cassait un peu plus facilement qu’une console : un bon pote à moi a débarqué à la maison et je lui ai montré Worms, mon nouveau jeu préféré. À force de gesticuler dès que l’autre nous envoyait une grenade à la tronche, l’un d’entre nous a donné un coup de coude dans la tour du PC ; la carte mère a grillé direct. Impossible de savoir qui avait tapé dedans, mais peu importe. Bam ! Interdiction de faire revenir mon copain à la maison pendant plusieurs années ! Moi, privé d’argent de poche pendant trois mois ! Et une rancœur éternelle supplémentaire de la part de beau-papa, bien sûr. Le fait que son bureau déborde de merdier et que l’ordi aurait dû être installé ailleurs que sur une pile de magazines douteux, tout ça n’entre pas en ligne de compte, forcément !
Instant le plus stylé
Après avoir creusé une galerie et placé un monticule de barricades, choisir le bazooka, tirer en gérant le vent à la perfection, toucher un ennemi sur le côté pour l’envoyer dans l’eau, puis déclencher une réaction en chaîne avec une mine qui tombe sur un autre ver, qui lui-même embarque deux autres vers sur une autre mine, qui explose une caisse à munitions. Un ver meurt, se fait sauter en propulsant les deux autres hors des limites du niveau.
Je suis moi-même beau papa, rassuré d'être en bon terme avec le petit ^^ Mais si il me casse une console, je le défonce !! 
