Renouveau vidéoludique à Paris (3/5)
Anno 1404 (PC, 2009)
Pourquoi je m’y suis mis ?
Depuis la sortie d’Anno 1602, pendant mes années collège, j’ai toujours eu envie de me plonger dans la licence. Mon temps de réaction légendaire aidant, je n’ai franchi le pas qu’en 2009, et encore, parce qu’on m’a un peu aidé. En effet, quand je me faisais insulter pendant deux heures sur DotA par les pires homophobes / racistes / sexistes de la Terre, il m'arrivait de comprendre que j'avais besoin d'une petite pause. Et si sortir ou voir de vraies personnes ne suffisait pas, je pouvais toujours compter sur mes colocs pour m’aiguiller sur tel ou tel nouveau jeu, vu qu’ils en testaient trois ou quatre par semaine. Dans le lot, Anno 1404 a fait souffler un vent de fraîcheur bienvenu sur ma culture vidéoludique vieillissante.
Pourquoi j’ai aimé ?
Les jeux de gestion, j’adore depuis que je connais leur existence. Et pourtant, je n’en ai pas testé tant que ça, même si j’ai quand même passé un temps conséquent dessus, avec en haut du podium un certain Master of Orion II. En tout cas, ça m’a permis d’aborder Anno 1404 avec des yeux relativement innocents. Et j’en ai clairement eu pour mon argent ; d’autant plus que je crois bien y avoir eu accès gratos, en squattant le compte Ubisoft d’un de mes potes. En tout cas, en trois secondes, j’avais adhéré au concept. Un titre qui nous oblige à proposer une diversité toujours plus grande de ressources à nos petits citoyens pour qu’ils prospèrent de la bonne manière, quoi de plus addictif, hein ? On construit des exploitations, des marchés, des entrepôts, des habitations, et on regarde la vie fleurir tout autour, des papillons plein le ventre. Bah ouais, on s’y attache vite, à nos petits habitants ! Surtout que le niveau de détail graphique permet de zoomer suffisamment pour les admirer vaquer à leurs occupations. D’ailleurs, puisqu’on parle de graphisme, euh, même encore aujourd’hui, je les trouve ultra magnifiques. Du plus petit caillou à la plus immense cathédrale, impossible de ne pas rester en admiration devant le décor, insouciant à l’incendie qui ravage notre ville à cause d’un pyromane envoyé par l’ennemi.
Mais quand on se concentre sur le cœur du gameplay, pas le temps de rêvasser ! Notre peuple réclame tant de matières et produits différents pour se développer, que la moindre distraction risque de nous faire perdre le fil. Bois, poisson, quartz, cuivre, or, pierre, mais aussi manteaux de fourrure, chandeliers, tapis orientaux, épices… j’en passe et des plus farfelus. Pareil pour nos villes, dont la liste de bâtiments constructibles donne le tournis. La petite cidrerie des débuts de partie se voit vite accompagnée d’une fonderie, d’une maison de charpentier, moulin, boulangerie, fabrique de verre, mine de sel… etc. De plus, tout ne se trouve pas autour de nos chères cités occidentales, il faut également bâtir de magnifiques médinas dans les zones “orientales” de la map, ce qui double presque notre champ de possibilités. Et voilà qu’une voix-off nous annonce qu’on joue déjà depuis deux heures, puis quatre, puis six, et qu’il faudrait vraiment faire un break, là, si on ne veut pas finir aux urgences. Allez, lève-toi juste pour boire un verre d'eau, au moins… Je n’avais plus ressenti une telle distorsion du temps depuis Heroes of Might and Magic III ; c’est dire le tour de force réalisé par Anno 1404 sur ma petite personne.
Et encore, je n’ai pas parlé de la diplomatie, du système de réputation de notre avatar, des routes commerciales et de l’aspect militaire. Quoique sur ce dernier point, ça m’a paru plutôt simpliste. En même temps, l’intérêt ne se situe pas dans la bagarre. J’ai même trouvé ça superflu, en fait. Dès que je me faisais attaquer, je devais mettre en pause le bichonnage intensif de mes sujets, et ça m’agaçait au plus haut point ! Avec un tel degré d’implication nécessaire pour progresser, je finissais par ne même plus entendre mon coloc rager lorsqu’il se faisait poutrer la tronche sur Street Fighter IV. Inutile de préciser que je n’ai gardé aucun souvenir de la musique non plus. Dommage ou pas ? Aucune idée, de toute façon il y avait trop de bordel dans cet appart. Des gens qui passaient dans mon dos toutes les cinq minutes. Une soirée beuverie organisée tous les trois jours. Mon coloc qui hurle à côté de moi, donc, mais l’autre coloc aussi, depuis sa chambre cette fois (parce qu’il se faisait éclater sur Mount&Blade, entre autres). Pour écouter une OST de jeu de gestion, on a besoin de calme, quoi, ce que je n’ai pas eu avant 2012.
Anno 1404 - Chase the Fox
Pourquoi j’ai arrêté ?
Une fois qu’on a capté comment extraire de l’or en métropole et cultiver des dattes dans notre petit empire colonial, les nobles affluent enfin par carrosses entiers pour habiter notre belle cité. Et ensuite ? Bah, rien, on a un peu plié le game, là, non ? Du coup, bien que recommencer une partie nous distille encore quelques gouttes de dopamine par moments, le concept finit par s’essouffler. Et qu’est-ce qu’on fait pour éviter de s’emmerder ? Bah on retourne jouer à DotA, voilà ! Bon, j’exagère un peu ; pour maîtriser chaque point de gameplay et bâtir un véritable empire, j’aurais dû bûcher sur Anno 1404 beaucoup plus que ça. Et en vrai, je n'en aurais jamais tiré le moindre ennui. Je suis surtout retombé dans le fameux mod de Warcraft III, à cause d’un affreux manque de volonté quant à mon objectif de m'en séparer à tout jamais. Flemme au moins aussi criante que lorsque je me pointais aux examens de rattrapage à la fac, sachant que je changeais d’orientation à la rentrée. Enfin je n’y ai pas rejoué longtemps à DotA, en fait. Car quelques mois plus tard, le dénommé League of Legends, allait montrer le bout de son nez. Clairement, j’étais pas prêt.