J'ai maté Alien Covenant ...
Sorti en 2017 et toujours réalisé par Ridley Scott, Alien Covenant est la suite directe du très décrié (et injustement décrié) Prometheus (2012). Ainsi, nous retrouvons David (Michael Fassenberg) sur la planète autrefois peuplée des Ingénieurs, les créateurs de l'humanité. Nous allons également suivre un nouvel équipage dirigé par James Franco, qui nous fait une apparition furtive, puisqu'il disparait "carbonisé" au bout d'à peine 10 minutes. Ridley Scott assume la direction prise avec Prometheus et en même temps il essaie de raccrocher les wagons avec la saga Alien, sans toutefois convaincre les fans les plus hardcores du Xénomorphe. Et puis, vu le fiasco de sa sortie au cinéma, on est pas prêt de voir la suite de Covenant. Dommage, car on ne saura jamais si Ridley Scott serait parvenu à raccrocher les wagons avec Alien Le 8ème Passager (1979).
L'équipage de la mission Covenant (d'où le titre du film) se dirige vers une planète potentiellement habitable, loin de la Terre, pour la coloniser. Sur le chemin, ils captent un message d'alerte du Prometheus, probablement envoyé par Elizabeth Shaw la dernière survivante du vaisseau (voir la fin de Prometheus). Ils débarquent alors sur la planète des ingénieurs, où se trouve le Prometheus. Notre nouvel équipage, ou tout du moins ce qu'il en reste, va alors devoir survivre face aux bestioles et retrouver David ... mais pas Elizabeth Shaw qui est morte (Noomi Rapace ne fait qu'une brève apparition dans la scène d'introduction).
Le soucis de ce Alien Covenant, encore plus que pour Prometheus que je défendrai toujours, c'est qu'il y a pas mal de trous dans la raquette au niveau du scénario. Les membres du nouvel équipage se comportement aussi bêtement, voire même encore plus bêtement, que ceux du Prometheus et il y a encore plus d'incohérences dans le scénario. Et dans sa mise en scène, Ridley Scott se contente d'accumuler les scènes autoréférentielles. Et puis, là où le film Prometheus était beau à en pleurer et inspiré au niveau de la mise en scène, ce Alien Covenant quant à lui est franchement laid. Je ne retrouve pas la maîtrise visuelle de Ridley Scott qui m'avait fait tant aimer Prometheus, malgré ses défauts. Mais là non, le visuel ne sauve même pas le film du naufrage.
Les seuls personnages à peu près bien traités du film, ce sont donc l'androïde David et Daniel (Katherine Waterston) du côté des humains. Daniel est un personnage féminin intéressant (c'est bien la seule du côté des humains) car badass comme il faut. Tous les autres personnages humains du film, c'est un peu de la chair à canon, si vous voyez ce que je veux dire. Et pour revenir aux non-humains, j'ai oublié de mentionner Walter l'autre androïde et de la relation qui s'établit entre David et Walter, tous deux interprétés par Michael Fassenberg. C'est je pense, ce qui a motivé Ridley Scott à faire le film, pour parler de ses obsessions personnelles.
Une nouvelle fois ici, après Prometheus, il a voulu se réapproprier la saga Alien pour explorer le thème de la création, à travers le personnage de David. On peut y voir un lien avec Blade Runner, l'autre bébé de Ridley Scott. En effet, on peut très bien imaginer que David soit une évolution des répliquants, les deux saga partageant alors le même univers. Après avoir tué son créateur Peter Weyland (Guy Pearce) dans Prometheus, David veut à son tour jouer à Dieu en créant les xenomorphes. Et c'est là qu'intervient l'autre androïde Walter qui est en quelque sorte une version améliorée de David. David se rend alors compte qu'il n'est pas aussi parfait qu'il pourrait l'être.
Et puis dans Alien Covenant, il y a les aliens. C'est malheureusement la grosse déception du film, le côté horreur du film étant plus frontal que dans le premier Alien et plus gore aussi. Et puis, il y a moins d'effets pratiques et les CGI sont beaucoup trop visibles. Je regrette que Ridley Scott ait autant cédé à la facilité. On est très loin de l'ambiance poisseuse et oppressante du premier Alien et du Alien³ (1992) de David Fincher que j'aime beaucoup aussi pour les mêmes raisons. Par rapport à Prometheus aussi, je constate une véritable régression dans l'aspect visuel, la photographie et dans la mise en scène de Ridley Scott. Tout est moins soigné, ce qui prouve peut-être que Ridley Scott commence à se faire trop vieux pour jouer avec les xenomorphes.
Au final, c'est à se demander si papy Ridley n'est pas trop vieux pour ces conneries. Sinon, comment expliquer toutes ces redites (une femme badass comme héroïne), des choix esthétiques douteux (montrer le xenomorphe en plein jour) et des personnages à ce point stupides (les membres de l'équipage qui visitent la planète en retirant leur casque). Bref, tout est télescopé, capillotracté. Ridley Scott poursuit le travail amorcé dans Prometheus (les Ingénieurs qui créent l'Homme et David qui crée le Xénomorphe) et certaines thématiques sont intéressantes (l'aliénation, l'enfermement, la création et le poid des religion), mais sa mise en scène est boursouflée et je ne vois nulle part sa patte visuelle. Le film aurait gagné à se rapprocher du premier Alien, avec une ambiance plus sombre, plus humide et viscéral.