Je viens de mater Top Gun Maverick et First Man ...
36 ans après le premier Top Gun de Tony Scott, Tom Cruise remet le blouson en cuir pour Top Gun 2. Réalisé par Joseph Kosinski, qui avait fait Oblivion avec le même Tom Cruise, Top Gun Maverick s'avère être très old school, malin dans la conception (le fan-service est bien dosé et bien utilisé) et galvanisant dans ses scènes d'action. Tony Scott n'aurait pas renié cette suite. Pour une fois qu'un blockbuster n'est pas simplement une bouillie d'effets numériques et de dialogues se voulant être drôles, même dans les moments émouvants, alors profitons de ce spectacle. En plus, certains dialogues du film montrent bien qu'ici on ne se prend pas au sérieux et que les scénaristes ont conscience du statut de succéder à un film culte. Au lieu de vouloir éviter les clichés, ils préfèrent jouer avec et tant mieux !
Tom Cruise reprend donc son rôle mythique de Maverick, auprès de Miles Teller qui joue Rooster le fils de Goose et de Jennifer Connelly qui est l'atout féminin du film. Et puis bien sûr, il y a le retour de Val Kilmer qui revient une dernière fois en tant que Iceman. On a aussi Ed Harris toujours aussi charismatique (un acteur que j'aime beaucoup) qui joue l'amiral en chef et Jon Hamm (un autre acteur que j'aime beaucoup) qui joue le commandant du programme Top Gun et qui voit d'un mauvais œil le retour de Maverick.
Même plus de 30 ans après, Maverick est donc resté fidèle à lui-même, toujours autant impulsif et toujours simple capitaine, alors qu'il aurait dû monter en grade et devenir amiral, après tant d'années et d'innombrables décorations. Le film voit donc son retour à Top Gun en tant qu'instructeur pour préparer l'élite du programme pour une mission dangereuse, voire même suicide. Mais peu importe le scénario et peu importe les enjeux géopolitique, le film se veut être avant tout un grand spectacle aérien.
Sur un plan purement technique, quel plaisir de voir un film en prise de vue réelle ! Il y a un côté organique typique des films des années 80/90 qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. Avec tous ces Marvels filmés sur fond vert et au rythme de 5 films par an, le cinéma est devenu un immense fast-food. Là, on voit enfin ce que ça donne, un film à gros budget auquel on laisse le temps de mûrir. Impossible de distinguer le vrai (les prises de vue réelles) du faux (les effets numériques). La production du film a donner du temps aux artistes pour faire les choses bien et ce Top Gun Maverick sera toujours aussi beau dans 30 ans, alors que les premiers Marvel commencent déjà à vieillir.
Top Gun Maverick est un gros hommage au premier Top Gun. Il y a énormément de scènes qui y font référence, les élèves du programme Top Gun qui rencontrent pour la première fois leur instructeur dans un bar (Charlie dans Top Gun et Maverick dans Top Gun 2), Rooster qui joue du piano dans un bar comme son père Goose, Hangman qui est le nouveau Iceman et la scène de volée torses nus qui est remplacée par une scène de football américain toujours torses nus. Et je parle bien d'hommage et de douce nostalgie et non de mauvais fan-service, car ces scènes s'intègrent tout en douceur dans le récit.
On regrettera quand même un scénario cousu de fil blanc, même si en réalité on s'en fiche un du scénario dans ce film. Et puis, Jennifer Connelly est clairement sous exploitée. Le scénario ne donne pas suffisamment de place à cette romance à peine amorcée entre Maverick et Penny. Dernier regret, il n'y a aucune mention de Charlie (Kelly McGillis) dans ce film, sûrement parce que l'actrice n'a pas vieillit selon les codes hollywoodiens et n'est pas aussi glamour que Jennifer Connelly. C'est comme si elle n'avait jamais existé dans l'univers Top Gun et ça, c'est quand même assez dérangeant !
Bref, malgré ces quelques défauts, le film est palpitant et les scènes de vols sont incroyables. Rares sont les bonnes suites et encore plus rares sont les suites qui surpassent leurs prédécesseurs. Or, Top Gun Maverick c'est ça, c'est une suite d'un film mythique qui fait encore mieux que son prédécesseur.
First Man est à la fois un film sur Neil Armstrong (la caméra est en permanence braquée sur lui), sur le deuil et sur comment le surmonter. Damien Chazelle dresse le portrait d'un père et d'un mari absent. Chaque scène et chaque dialogue qu'il a avec sa femme le montre, il n'arrive pas à faire son deuil. Pour échapper à son chagrin, il va s'enfoncer de plus en plus dans le travail et refuser de s'impliquer émotionnellement dans quoi que ce soit (accentué par les nombreux décès de ses camarades). Cette grande histoire est filmée à l'échelle de l'humain, par le petit bout de la lorgnette. Nous sommes davantage du côté de l'intime. Et l'approche intimiste de Neil Armstrong (et de sa famille) rend d'autant plus viscérales, les séquences spatiales où tout est suspendu à la solidité d'un bricolage.
Dans First Man, on suit donc la carrière et les souffrances d'un homme qui deviendra un héro pour l'Amérique et même pour le monde entier. C'est un grand voyage dans l'intimité d'un héros américains, à savoir l'Amérique qui a gagné la lutte avec les Russes pour la conquête spatiale en plaçant le premier homme sur la Lune. Neil Armstrong (Ryan Gosling) c'est donc lui, le premier homme à avoir posé le pied sur la Lune. Mais c'est aussi un homme qui souffre avec sa femme Janet (Claire Foy) après avoir perdu leur première fille. Le film va donc se focaliser sur les deux faces de Neil Armstrong, le héros de toute l'Amérique et le père qui souffre à la suite de la perte de son premier enfant.
La mise en scène de Damien Chazelle est très soignée, même s'il abuse pas mal de l'effet "tremblement de caméra". Quant visuel du film, il est marqué par un objectif vintage qui prend pas mal les flares et aussi beaucoup de plans flous (parfois même un peu trop). Lors des scènes de vol, les plans serrés sur les visages des personnages font naître un sentiment de peur très prononcé, renforcé par les gros plans sur des détails techniques (vis, hublots, joint qui tremblent etc...) qui accentue l'angoisse que les personnages peuvent ressentir. Non vraiment, d'un point de vue purement technique, c'est une pure réussite. Que ce soit le son, la photo, le montage, les effets visuels, tout est parfait. Et on ne le dira jamais assez, à quel point le travail sur le son est dément.
Mais voilà, malgré toutes les qualités formelles du film et sa thématique du deuil, je suis resté extérieur à toutes émotions. La réalisation de Damien Chazelle a beau être très immersive et oppressante, avec ces gros plans dans des lieux très fermé, il n'en reste pas moins que j'ai été assez distant émotionnellement parlant. Le rythme très lent du film a beaucoup joué aussi, je pense ! J'ai parfois eu l'impression que les scènes s’éternisait, d'où mon investissement pour certaines séquences qui s'est amoindri. De même, lorsque certains personnages important pour Neil Armstrong disparaissent, je ne ressens pas pleinement ce qu'il ressent. Je le comprends intellectuellement, mais ça glisse sur moi. Alors, est-ce que certains passages méritaient justement d'être un peu plus développée ? La tragédie qui touche la famille Armstrong est par exemple très vite expédiée, je trouve !
Bref, First Man ne fait pas dans le spectaculaire et finalement on voit très peu de scènes dans l'espace, malgré le nombre conséquent de tentatives et d'essaies réalisées à cette époque. Le film dure un peu plus de 2h00 et se focalise surtout sur les interactions humaines, des longueurs utiles pour servir le récit, mais des longueurs quand même !